Un été en France comme sur des roulettes

 

Justine et moi nous sommes rencontrés au Chili lors d’un stage dans le secteur du tourisme. À notre retour en France, en pleine période de crise sanitaire, nous avions envie de donner à l’été post-confinement un sens. Après la déception durant les premiers jours de confinement, l’épidémie nous a ensuite semblé être l’occasion parfaite pour découvrir notre pays. Je partais toujours loin, et le plus souvent seul, mais cette fois cela allait changer, cette fois j’allais découvrir mon pays. Notre projet était né ! Nous ne le savions pas encore, mais nous nous apprêtions à vivre l’une des plus belles aventures de notre vie : la traversée de la France en rollers.

Du 18 juin au 25 août 2020, avec Justine Andres, j’ai traversé la France en rollers. Partis du BTWIN Village de Lille mi-juin, nous sommes arrivés fin août à la frontière franco-espagnole après plus de 1300 km parcourus sur les routes de l’hexagone. Au-delà d’être un défi sportif, ce voyage fut une véritable aventure humaine, car tous les soirs nous avons été accueillis par les habitants des régions que nous avons traversées. Chaque soir, dans la rue, nous sonnions aux portes d’inconnus qui, parfois refusaient, mais le plus souvent acceptaient avec plaisir de nous laisser camper dans leur jardin ou même, plus rarement, de nous offrir un lit dans leur maison. Durant la crise sanitaire engendrée par la COVID-19, nous avons découvert une France profondément accueillante, cela fut même surprenant !

 

 

 

Hauts-de-France

 

Lors de la préparation de l’aventure, j’ai pris contact avec Oxelo qui a tout de suite soutenu notre projet et eu envie de nous aider à faire de l’idée folle de traverser la France en rollers un véritable projet. Jonathan, le chargé de communication de l’entreprise, s’est immédiatement rendu disponible pour nous et s’est démené pour nous trouver deux paires de rollers durant une période où les stocks étaient vides à cause de la crise sanitaire. Un matin, un appel de Jonathan nous annonçait que deux paires de rollers MF900 nous attendaient au BTWIN Village de Lille – l’aventure pouvait enfin commencer !

Le 18 juin 2020, avec chacun une paire de rollers au pied, nous débutions notre traversée de la France depuis le BTWIN Village de Lille. Nous prîmes la route avec enthousiasme bien que les premiers kilomètres se déroulèrent sous la pluie et furent difficiles. Depuis le déconfinement, à l’exception d’une quinzaine de jours de randonnée dans les Vosges, c’était la première fois que nous prenions le grand air.

 

 

Le premier soir, à Beuvry-la-Forêt, nous avons sonné à une porte dans l’espoir de trouver un coin de jardin où camper. Ahmad et Charlotte furent les premiers à nous ouvrir leur porte, et nous passâmes la soirée avec eux et leurs deux filles. Autour d’une pizza, la soirée fut joyeuse et conviviale. Cette première soirée fut à l’image du reste de l’aventure, car, sans vraiment penser que cela pouvait être possible, nous allions être accueillis ainsi tous les soirs de l’aventure.

Les jours suivants furent agréables et nous préparaient progressivement à parcourir une trentaine de kilomètres tous les jours. En rollers, une moyenne quotidienne de trente kilomètres nous semblait idéale pour avancer rapidement tout en restant en forme afin de tenir ce rythme sur la durée. La pratique du roller sollicite principalement les genoux et les chevilles, et le dénivelé est particulièrement difficile à gérer. Les montées sont éprouvantes et les descentes demandent énormément de vigilances. Durant la première semaine, Justine fit une chute dans une descente qui lui valut un passage à l’hôpital. Heureusement, aucune blessure grave ne fut constatée, mais une douleur au genou l’a suivie tout au long de l’aventure. Les jours qui suivirent cette chute se déroulèrent sans encombre, et nous continuâmes notre progression au sein des Hauts-de-France.

Dans les Hauts-de-France nous roulions sur des routes départementales à côté des voitures et des camions. Les paysages se composaient presque exclusivement d’immense champ de blé s’étalant à perte de vue, et d’anciennes villes minières faites de briques et bâties sur les anciens espoirs de la révolution industrielle.

 

 

 

Grand-Est

 

Arrivée à Reims, alors que nous venions tout juste de dépasser le panneau indiquant notre entrée dans la ville, Justine se blessa. Nous étions en train de rejoindre une piste cyclable qui longeait le canal, et le chemin y menant nous obligeait à marcher sur du gravier, lorsque Justine se luxa le genou. C’était tellement frustrant, après 200 kilomètres parcourus entre Lille et Reims, que la blessure survienne à l’arrêt. Après une semaine sur la route, Justine retournait à l’hôpital. Le verdict fut plus contraignant cette fois : elle devait s’arrêter pendant au moins deux semaines. Nous sommes retournés chez ses parents, dans les Vosges, où elle allait se reposer pendant quelques jours. Je suis resté avec elle du 26 au 30 juin (inclus), dans l’espoir que ma présence lui remonte le moral ; et le 1er juillet je montai dans un train en direction de Reims pour reprendre l’aventure. Justine, quant à elle, avait pour objectif de se reposer et de me retrouver une semaine plus tard à Chaumont, cette fois à vélo.

Le 1er juillet, alors à nouveau à Reims, je passais la nuit chez Julie et son copain Steve, rencontrés sur Couchsurfing. Le lendemain, je reprenais la route seul. Sans Justine tout me semblait plus difficile, la route perdait de sa saveur. Le roller m’a alors semblé être un sport qu’il est important de partager, car chaque moment difficile, coup de fatigue, et montée éprouvante, est profondément plus amusant à plusieurs. Nous avions pris l’habitude de discuter tout en roulant, de nous épauler, nous soutenir, car nous nous aimions tout simplement. Ce qui m’a remis en selle durant cette semaine en solitaire, ce furent les rencontres faites chaque soir. Au premier abord je craignais que les portes se ferment en voyageant seul. Le fait de voyager en couple me semblait être la raison principale qui nous ouvrait les portes, mais, à ma plus grande surprise, il fut encore plus simple d’être accueilli en voyageant seul. Sur les sept nuits de cette semaine en solitaire, j’en passais deux dans des abris de jardin et cinq dans des lits au sein même de la maison. À Saint-Urbain Maconcourt, Marc et Valérie me proposèrent même de passer une deuxième nuit chez eux. Évidemment j’acceptais, car je pris beaucoup de plaisir à passer du temps avec eux et leurs enfants.

 

 

Bien que désormais seul, un autre soutien qui me motivait à continuer cette aventure fut celui apporté par Oxelo. Dans le magasin Décathlon de Châlons-en-Champagne un colis envoyé par Oxelo m’attendait – j’y trouvais des roues, roulements, et freins neufs. Sentir que l’entreprise m’accompagnait tout au long de mon périple fut très motivant. Le chargé de communication, un chef de produit, et une ingénieur test d´Oxelo étaient tous les trois disponibles par mail et téléphone pour m’épauler et me conseiller tout au long de l’aventure. Ce soutien allait bien au-delà du simple apport technique.

À Chaumont, c’était vraiment génial de retrouver Justine ! J’avais tellement hâte de la revoir que le jour de nos retrouvailles je parcourus 45 kilomètres d’une traite en l’espace d’une matinée. Les rollers MF900 m’ont parfois donné l’impression de pouvoir m’envoler. En ville, endroit où j’allais moins vite que sur les pistes cyclables, j’étais flashé à 17 km/h lorsque je passais devant des radars indiquant aux conducteurs leur vitesse (la vitesse est souvent accompagnée d’un sourire ou d’une grimace en fonction du résultat). Sur les pistes cyclables, je montais facilement à 30 km/h grâce aux roues de 110m Oxelo. De plus, dans cette région il était encore plus aisé de rouler, car les pistes cyclables revêtues étaient nombreuses. J’ai ainsi pu suivre une piste cyclable majoritairement revêtue, entre Vitry-le-François et Chaumont. Cependant, les rares fois où cette piste cyclable n’était pas correctement revêtue il m’a fallu improviser un parcours sur les routes départementales environnantes ; heureusement, cela ne m’a pas empêché de rejoindre Chaumont et surtout de retrouver Justine.

Après deux jours passés à Chaumont chez Guillaume, le cousin de Justine, nous avons repris la route : j’étais toujours en roller et elle à vélo. Quelques jours plus tard, nous entrions en Bourgogne.

 

 

Bourgogne-Franche-Comté

 

À Dijon j’ai récupéré un autre colis envoyé par Oxelo au Décathlon de Dijon-Quetigny. Mes roues étaient encore en état pour parcourir quelques kilomètres supplémentaires donc j’ai préféré mettre ces roues et roulements neufs de côté. Après une nuit passée chez Lucy, une militaire très sympa, nous avons repris la route dans une Bourgogne silencieuse et nettoyée de ses touristes. Sur la route des Grands Crus s’offraient à nous des paysages magnifiques. Les villages viticoles renommés tels que Nuits-Saint-Georges étaient calmes, presque déserts pour la saison. Étudiante à l´école de commerce de Bourgogne, Justine était heureuse de me faire découvrir sa région de cœur dans ces conditions.

Sur un groupe Facebook de voyage, Antonin Charbouillot a proposé de nous héberger si nous passions par son village natal : Saint Aubin. Quand j’ai découvert son travail, j’ai tout de suite voulu rencontrer ce photographe et explorateur du Grand Nord américain. Chez lui respirait une passion que je n’ai vue nulle part ailleurs. Aucun autre foyer ne m’a semblé aussi rayonnant et inspirant que celui de la famille Charbouillot. Après une longue discussion sur son métier de photographe, Antonin nous présenta son premier livre photo sur la table de sa cuisine, dans une modestie absolue. À peine a-t-on lu les premières pages qu´avec Justine nous décidions de ne pas aller plus loin. “Nous aimerions acheter ton livre, nous le faire expédier demain par la poste de Saint Aubin, et prendre le temps de savourer chaque page chez nous.” lui dis-je. Antonin nous proposa de passer une deuxième nuit chez lui afin que nous puissions profiter d’un jour supplémentaire pour visiter les environs.

 

Le lendemain, après un déjeuner avec sa famille, Antonin nous emmena voir le Château de La Rochepot, puis une falaise, des terriers de blaireaux, et un terrier de renard qu’il avait repéré quelques jours plus tôt. Finalement, durant un affût de deux heures à flanc de colline, nous n’aurons vu aucun renard, mais, chacun assis contre une souche d’arbre, nous aurons appris à nous connaitre au travers d’une longue discussion. Nous n’avons vu aucun des animaux désirés, cependant en chemin et à d’autres endroits durant la journée nous avons aperçu un faucon pèlerin, une buse, deux chevreuils, deux renards et un lièvre – pas si mal !

Les jours suivants furent plus agréables que ceux passés dans les Hauts-de-France plongé dans le trafic routier, au bord des routes départementales, à côté des voitures et camions. La Bourgogne est particulièrement équipée en voies vertes revêtues, ce qui était très appréciable, car les pistes cyclables non revêtues sont impraticables en roller. Cela nous a permis de découvrir agréablement la Bourgogne et ses villes, telles que Chalon-sur-Saône, Sologny, et les environs de Mâcon.

 

 

Un jour où nous étions sur une voie verte bourguignonne, alors que j’avançais à mon rythme et Justine au sien, je passais devant une famille postée dans l’herbe le long de la piste lorsque la plus jeune fille du groupe, une fillette d’une dizaine d’années, me dit : « vous êtes trop fort monsieur ! ». Quelques kilomètres plus loin, Justine et moi nous sommes arrêtés pour manger et, durant le repas, je lui récitai les mots de la jeune fille ; elle m’avoua avoir fait l’objet des mêmes éloges lorsque quelques secondes plus tard elle passait à son tour devant la petite fille. Zut ! Et moi qui me sentais spécial, pensant alors que les compliments étaient attribués à mes rollers … Visiblement la petite faisait ses éloges à tous les râteliers.

 

 

Auvergne-Rhône-Alpes

 

Le 20 juillet, au niveau de Mâcon, une fois de l’autre côté de la Saône nous sommes entrés en Auvergne-Rhône-Alpes. Au magasin Décathlon de Lyon – Limonest, j’ai remis mes roues à neuf. Je n’avais toujours pas utilisé le jeu de roues récupéré à Dijon, et j’avais parcouru 474 km avec les mêmes roues, du magasin Décathlon de Châlons-en-Champagne à celui de Lyon-Limonest. Nous avons passé quelques jours à Lyon chez Antoine et Charline, un couple d’amis à Justine. Cette escale à Lyon fut reposante ; nos genoux en avaient besoin.

 

Depuis Lyon nous avons roulé jusqu’à Ampuis, où nous avons été accueillis chez Armand et Margot, puis la route nous a menés à Saint-Vallier chez Laurent et Claire, à Mauves chez Patrice, sa compagne Laeticia, et sa fille Lali. La Via Rhôna nous a aussi emmené à Beauchastel chez Serge et Corine, en passant par l’Ile du Beurre. Chez Serge et Corine, nous avons passé un instant merveilleux. Nous avions l’impression, le temps d’un week-end, d’être leurs petits-enfants. Le 1er août nous avons repris la route après deux jours à Beauchastel, en Ardèche. Nous avons continué vers Rochemaure, Bollène, puis Orange.

Mes parents qui descendaient alors dans le sud de la France retrouver des amis ont profité de notre passage à Orange pour y faire escale une journée. En chemin ils ont récupéré les roues, roulements et freins, qui m´avaient été envoyés au Décathlon de Montélimar. Préférant rester du côté ardéchois du Rhône, Justine et moi n’avions pas eu le temps de passer récupérer ce colis. J’ai pu changer mes roues une fois le colis en ma possession à Orange. C’était amusant de se dire que mes parents venaient de Paris en voiture, et nous de Lille en roller et à vélo. Ensemble nous avons visité la « Cité des Princes » avant que chacun reprenne la route de son côté.

 

 

 

Occitanie

 

Sur le pont de Beaucaire, il était émouvant de changer de région pour entrer en Occitanie, la dernière région de l´aventure. Quelques jours plus tard, notre arrivée à la mer sonnait comme une véritable victoire dans nos cœurs — même s’il nous fallait encore atteindre le Cap Cerbère et la frontière franco-espagnole, notre point d’arrivée situé dans les Pyrénées-Orientales — car à nos yeux nous avions déjà partagé tout ce qui était nécessaire à notre bonheur : un peu d’amour et de pays.

 

 

À Montpellier, Auguste, un ami rencontré lors de mes années d’expatriation à Tokyo, nous a accueillis chez lui. Pendant quelques jours nous avons pu nous reposer et profiter de sa piscine, bien appréciée durant les chaudes journées du mois d’août. Dans l’un des magasins Décathlon de Montpellier, j’ai pu récupérer les dernières roues et roulements du voyage. Ce ravitaillement m’a permis de terminer l’aventure dans de bonnes conditions.

Les derniers kilomètres au bord de la mer furent moins idylliques que ce à quoi nous nous attendions avant de nous lancer dans cette aventure. La vue de la mer était synonyme de victoire — car notre ligne d’arrivée était proche — mais aussi de touristes. Les stations balnéaires pullulaient le long de la côte et chaque soir il devenait de plus en plus difficile de trouver des gens acceptant de nous recevoir. Nous avons quand même réussi à trouver des maisons dont la porte nous était ouverte pour la nuit, et les quelques soirs où nous n’avions pas le cœur à sonner à des dizaines de bungalows, nous sommes allés dans des campings.

Le 25 août, après quelques photos prises au phare solaire du Cap Cerbère, nous sommes arrivés à la frontière franco-espagnole. Ce fut une arrivée en grande pompe ! Justine creva sa chambre à air arrière à la frontière, devant le panneau frontalier indiquant la fin de notre voyage. Après plus de 1300 km sans aucune crevaison, nous terminions l’aventure par une réparation.

Après plus de deux mois sur les routes de France nous étions arrivés en Espagne. Nos proches nous avaient dit que les Français n’étaient pas accueillants, et encore moins en période de crise sanitaire. Pourtant, dans toutes les régions traversées nous avions été accueillis à bras ouverts. Ce voyage fut une grande révélation pour Justine et moi, car désormais nous savions que nous pouvions compter sur l’entraide de nos concitoyens et que la France nous promettait encore de belles aventures.

 

 

 

Le voyage en quelques chiffres

 

Voyage du 18 juin au 25 août, dont 5 jours d’arrêt du 26 au 30 juin inclus (et 12 jours d’arrêt pour Justine), suite à la blessure de Justine. Soit 64 jours de voyage, jours de pause inclus.

Distance totale du voyage, de Lille à la frontière franco-espagnole ~1375 km

29 km parcourus en moyenne chaque jour durant les 47 jours sur l’asphalte

~ 1375 km

64 jours de voyage

47 jours sur l’asphalte

17 jours d’arrêt

 

Les grandes étapes du voyage

 

Lille – Reims : 201 km

Reims – Dijon : 313 km

Dijon – Lyon : 236 km

Lyon – Orange : 241 km

Orange – Montpellier : 139 km

Montpellier – Narbonne : 121 km

Narbonne – Borne 601 : 124 km

Total : 1375 km

 

Utilisation de l’équipement

 

1er jeu de roues Oxelo

BTWIN Village de Lille – Décathlon Châlons-en-Champagne

Distance : ~ 255 km

État des roues à l’arrivée : encore utilisables, mais pour peu de kilomètres

 

2ème jeu de roues Powerslide

Décathlon Châlons-en-Champagne – Décathlon Limonest

Distance : ~ 474 km

État des roues à l’arrivée : encore utilisables, mais pour peu de kilomètres

 

3ème jeu de roues Powerslide

Décathlon Limonest – Orange

Distance : ~ 248 km

État des roues à l’arrivée : encore utilisables sur une grande distance

 

4ème jeu de roues Powerslide

Orange – Cap Cerbère

Distance : ~ 381 km

État des roues à l’arrivée : encore utilisables sur une grande distance 

 

 


 

Lire le récit publié par Oxelo