Le volcan Villarrica
Début 2020, j’étais en stage dans une agence de tourisme d’aventure basée à Pucon, au Chili. Je travaillais tous les jours au pied du volcan et, dans le cadre de mon stage, j’envoyais tous les jours des clients à ce son cratère. À mon arrivée, j’ai d’abord découvert le volcan lors d’une randonnée pédestre : la Villarrica Traverse. Quelques semaines plus tard, je réalisai l’ascension du volcan et montai jusqu’à son cratère. Enfin, juste avant mon départ, je sautai en parachute au-dessus du volcan. Depuis sa base, son sommet, ou depuis le ciel, ce volcan m’a toujours autant fasciné.
Partie 1 : La Villarrica Traverse
Fin décembre 2019, alors en poste au sein de l’agence de tourisme d’aventure Aguaventura depuis moins d’une semaine, un israélien entra dans l’agence et me demanda des informations sur la Villarrica Traverse ; une randonnée qui sillonne la base du volcan et traverse le parc national Villarrica. Il m’expliqua qu’il souhaitait partir faire cette randonnée le lendemain, pendant deux jours. Je lui proposai immédiatement de me joindre à lui et, après une brève discussion, nous convînmes d’un rendez-vous à l’agence le lendemain matin à 6 :00. Le lendemain matin nous partions à la base du volcan avec le convoi qui emmenait les clients de l’agence. Sur place, le groupe entamait l’ascension pendant que nous partions de notre côté pour deux jours de randonnée pédestre.
Les premières heures nous avons marché dans ce qui semblait être des rivières de souffres. La terre était noircie et sèche. Le décor contrastait avec le volcan, enneigé au sommet, et les environs parfois boisés, parfois déserts. Au pied du volcan se dessinaient de grandes vallées, peut-être formées par une éruption, et nous les descendions, remontions, encore et encore. En fin de journée, nous avons terminé par nous perdre, et pendant deux bonnes heures nous avons cherché notre chemin, en vain. Nous avons alors décidé d’établir notre camp derrière une paroi rocheuse, à l’abri du vent. Dans la tente des pâtes cuites au réchaud furent partagées en guise de repas du Nouvel An. L’année se terminait bien.
Le lendemain matin, 1er janvier 2020, nous débutions la nouvelle année par une marche jusqu’à un « mirador » offrant une vue sur tous les volcans environnants. L’instant était intense. La suite de la journée avec mon compagnon se déroula bien et nous offrit de beaux paysages. En fin de matinée nous sommes descendus dans une vallée boisée, ou nous nous sommes lavés dans une rivière. Ensuite, nous avons rejoint une route de campagne ou une voiture nous prit et nous conduisit à Pucon. Thor est un jeune homme souriant, enthousiaste et très libre. Il se balade souvent en sarouel, n’a pas de complexe pour se mettre nu dans les rivières chiliennes, et savoure l’instant avec passion. Ce fut une très belle rencontre. Ces deux jours passés avec lui furent géniaux.
Partie 2 : L’ascension du volcan Villarrica
Je travaillais depuis plus d’un mois à Aguaventura, une agence de tourisme d’aventure basée à Pucón au Chili, lorsque j’ai fait l’ascension du volcan Villarrica. L’activité principale de l’agence, en plus d’un panel innombrable d’activités, est d’emmener ses clients au sommet du volcan. Le rôle des guides avec lesquels je travaillais à l’agence est de s’assurer que tout se déroule bien jusqu’à l’arrivée au cratère du volcan situé à 2847 mètres d’altitude. Ce jour-là, avec des clients de l’agence, c’est moi qu’ils emmenaient là-haut.
Sur les flancs du volcan Villarrica, on se sent en apesanteur. Il avait neigé les jours précédents et le volcan était tout blanc, plus que d’ordinaire en cette saison. La neige conservait l’empreinte de notre passage et derrière nous se dessinait une large trace. Nous étions une dizaine à monter au sommet. Ensemble nous formions une équipée qui progressait lentement sur les pentes du volcan. D’autres guides travaillant pour d’autres agences emmenaient aussi leurs clients au cratère. À mesure que la journée progressait, le volcan se remplissait. Nous étions un certain nombre à faire l’ascension du volcan, mais deux fois moins nombreux que les années précédentes, car la crise sociale ayant sévi quelques mois plus tôt dans le nord du Chili avait eu un impact négatif sur le tourisme dans la région, et tout le pays. Les agences de tourisme et hôtels en souffraient, mais ce jour-là, dans les couloirs enneigés du volcan je n’allais pas m’en plaindre.
L’ascension débuta au petit matin et dura une demi-journée. À l’aide de piolets, crampons et casques, nous atteignîmes le cratère en début d’après-midi. Au sommet, nous respirions avec des masques à gaz, car la fumée envahissait l’atmosphère. Durant les instants passés au cratère, j’entendis deux fois le volcan rugir. Un énorme bruit sorti des entrailles de la Terre. C’était si impressionnant que pendant un bref instant je redoutai une éruption. « C’est normal. » me dirent les guides, « tu es sur l’un des volcans les plus actifs d’Amérique du Sud. ». Les guides étaient vraiment exceptionnels, prévenants et à l’écoute. J’avais l’habitude de les côtoyer à l’agence, mais sur le volcan je les ai découverts dans l’effort et la solidarité qu’impose une ascension en groupe : ils sont extrêmement gentils et talentueux.
On est redescendu en luge. Plus les pentes du volcan sont enneigées et plus la descente en luge dure longtemps. Nous formions une grande chaine qui glissait sur le volcan, chacun assis sur une luge plate fournie par l’agence. Il me fallut quelques minutes pour me sentir à l’aise avec ce sport de glisse que je n’ai pas l’habitude de pratiquer, mais une fois cela fait la descente fût un vrai moment de bonheur. Une fois revenu à Pucón, je n’ai plus jamais regardé le volcan de la même manière. L’ayant découvert, rencontré, grimpé, je me sens inspiré à chaque coup d’œil jeté vers son cratère. La vue de ce volcan ravivera toujours le souvenir d’une journée exceptionnelle.
Partie 3 : Saut en parachute au-dessus du volcan
Quelques jours avant de quitter Pucon, il fallait que je salue le volcan une dernière fois, et pour cela le club Skydive Pucon m’a aidé. Lorsque la voiture passa nous prendre à l’agence Marine et moi, j’avais le cœur qui battait fort et les mains moites. Marine est une collègue française de l’agence qui avait le même rêve que moi : faire son premier saut en parachute dans un endroit magnifique. Une fois au club de parachute je ne réalise pas encore ce que je m’apprête à faire, mais une fois dans l’avion les choses prennent une autre tournure.
« Pourquoi l’avion n’a pas de porte ? » c’est la première chose qui m’est venue en tête une fois en l’air. J’étais si stressé que je faisais le pitre dans l’avion pour extérioriser ma peur. Mon moniteur était uruguayen et lorsqu’il apprit que je revenais tout juste d’un échange universitaire il ne cessa de me parler de son pays natal. Ensemble, quelques instants avant le grand saut, nous parlions de l’Uruguay en long, en large, et en travers. « Au moins, cela me permet de penser à autre chose que mon vertige ! » me dis-je alors.
Ça y est ! Pendant quelques instants je ne compris plus rien, mon esprit cherchait ses repères. Une fois stabilisé, la bonne position maintenue, je vécus l’un des plus beaux moments de ma vie. Je volais, tout simplement ! C’était incroyable. Une fois que l’instructeur déploya la voile, nous reprîmes tranquillement notre conversation au sujet de l’Uruguay. Nous débâtions au sujet de la politique uruguayenne et plus particulièrement de Pepe Mujica. Parler de cela sous une voile de parachute … l’instant semblait insensé.
La voiture nous ramena à l’agence et Yoann courut vers moi en vociférant « nous devons partir dans 10 minutes, le bus pour l’aéroport de Temuco arrive bientôt. » Quelques heures plus tard, nous étions tout au sud du continent sud-américain et nous débutions une aventure de deux semaines complètement folle : la traversée de la Patagonie sans argent.