Les voix du Sahara : Paris-Dakar à vélo
Le 21 octobre 2022, après des mois de préparation et notre diplôme en poche, nous décidons de nous lancer dans notre première grande aventure commune : pédaler de Paris à Dakar pour documenter les initiatives environnementales de la zone saharienne.
France
Notre aventure démarre sur le Trocadéro à Paris. Nos premiers coups de pédales sont timides, nos vélos sont lourds, nous devons nous frayer un chemin dans les rues de Paris et n’avons qu’une hâte : quitter la capitale. Rapidement, nous nous retrouvons sur des véloroutes ou des pistes cyclables qui rendent nos journées plus simples. Créer son propre itinéraire en France est assez simple puisqu’il est possible de rejoindre différentes véloroutes. Nous avons pu par exemple emprunter la Scandibérique (Eurovélo 3), le Tour de Bourgogne, la Voie Bleue, la Via Rhôna (Eurovélo 17) et la Méditerranée à vélo (Eurovélo 8). Nous avons ainsi pu suivre ces itinéraires sans GPS et profiter de routes sécurisées. Nous avançons et profitons de l’été indien sans grandes difficultés.

Lorsque nous voyageons en France, nous avons pour habitude de faire du bivouac sauvage lorsque c’est autorisé et le long des pistes cyclables c’est finalement assez simple de trouver des endroits ou poser sa tente. Mais dès que nous le pouvons, nous sonnons aux portes des Français pour poser notre tente dans leur jardin, cela nous permet de faire de belles rencontres et d’apprécier la générosité des Français ! Nous pensions traverser le pays en deux semaines, finalement à cause, ou grâce à cette générosité, il nous retiendra deux mois et demi.
Tunisie
Nous prenons le ferry à Gênes en Italie pour rejoindre notre premier pays sur le continent Africain : la Tunisie. Le pays est assez petit puisqu’il ne fait que 400km de largeur. Nous avons du temps et nous décidons de profiter de chaque moment pour découvrir une langue, une culture, une gastronomie qui nous a tant fait rêver.

Faire du vélo en Tunisie est forcément plus compliqué qu’en France. Il nous faut dire adieu aux pistes Faire du vélo en Tunisie est forcément plus compliqué qu’en France. Il nous faut dire adieu aux pistes cyclables, aux boulangeries françaises et à nos habitudes. Mais c’est aussi ça l’aventure, prendre le temps d’appréhender les habitudes et coutumes de chaque pays ! Nous devons désormais rouler le long des axes routiers mais nous essayons le plus possible de prendre les petites routes moins fréquentées. Heureusement pour nous, les routes en Tunisie sont en bon état et nous trouvons assez facilement une petite forêt pour y mettre notre toile de tente. Nous restons un mois dans le pays pour rencontrer les locaux et y documenter plusieurs projets agricoles autour de la gestion de la terre détaillés dans le documentaire que nous tournons quotidiennement lors de ce voyage.
Algérie
Nous entrons en Algérie début janvier. L’hiver est bien installé et nous roulons dans le pays durant la seule semaine de pluie de l’année ! Nous sommes ravis pour le pays qui souffre de la sécheresse mais cela ralentit notre progression…

Notre traversée du pays se focalise cette fois sur la sécheresse et la gestion de l’eau.
Au fil des semaines passées dans le pays, la générosité algérienne va aussi nous permettre de découvrir l’hospitalité algérienne.
La plus grande difficulté en Algérie aura été le dénivelé du littoral qui borde le nord du pays. Avec nos vélos de 50kg chaque montée est difficile. Mais voyons le bon côté des choses, nous avons le temps d’admirer les paysages magnifiques de l’Algérie entre mer et montagne. Jusqu’à la capitale notre périple se fera sans encombre mais après Alger il va se compliquer… Nous serons escortés par la gendarmerie jusqu’à Oran pour notre sécurité. Bien que nous ne nous sommes jamais sentis en danger dans le pays, bien au contraire. Cela a un peu chamboulé notre aventure mais ne nous a en rien empêcher de voir la beauté de ce pays !

Maroc
Après les sirènes policières de l’Algérie, nous sommes contents d’arriver sur les immenses plateaux désertiques du Maroc. Nous avons choisi le traverser le Maroc par l’Est pour éviter les grandes villes côtières touristiques.

L’avantage est que nous n’avions qu’une seule route à suivre toute la journée, pas besoin donc de GPS. Mais nous avons maudit cette unique route pendant deux semaines à cause d’un vent de face constant ! Les immenses plateaux étaient dignes de cartes postales mais pas facile de trouver un endroit où s’abriter du vent à la nuit tombée. Nous ne s’avions jamais vraiment où nous allions dormir le soir, mais vu l’endroit où nous étions nous ne pouvions pas vraiment faire les difficiles ! Heureusement pour nous, notre toile de tente a bien résisté aux vents parfois violents. Dans le pays pour enquêter sur l’habitat durable, nous avons eu la chance de faire de merveilleuses rencontres au Maroc et de dormir chez plusieurs familles de nomades. Une expérience incroyable qui nous a permis de découvrir une autre culture et un autre mode de vie, bien loin de notre confort habituel.
Sahara
Après le Maroc, nous entrons dans une zone quasiment vide. Nous sommes vraiment en plein désert toute la journée. Nous le savons c’est une zone difficile qui nous attend, il y a parfois 150 kilomètres entre chaque ville.

Le soleil nous brule et nous nous retrouvons dans cette zone pendant le ramadan, quasiment tout était fermé la journée et nous devions prévoir nos rations. Mais nous avons eu un vent dans le dos (enfin !) sur presque 1000 kilomètres et nous avons pu faire des journées de 160 kilomètres, un record personnel ! Dans cette zone nous étions contents de rouler à deux, car ce n’est pas une zone difficile physiquement puisque c’est totalement plat et qu’il n’y a qu’une seule route à suivre toute la journée. Mais psychologiquement c’est le plus compliqué, il n’y a rien, pas de distraction visuelle, c’est un immense plateau plat et désertique, il n’y a rien d’autre à faire qu’avancer !

Mauritanie
Après le Sahara nous nous retrouvons… au Sahara ! Même si nous changeons de pays, les paysages ne changent pas vraiment, nous sommes toujours dans le désert. Les villes sont toujours aussi rares mais étrangement nous sommes contents d’être dans un autre pays. C’est le moment pour nous de découvrir une nouvelle culture et gastronomie après près de deux mois et demi au Maroc et au Sahara. La Mauritanie c’est aussi la transition entre le Maghreb et l’Afrique subsaharienne.

En Mauritanie, les autorités déconseillent le camping sauvage, et puisque le vent souffle souvent nous avons fait le choix d’aller dans des auberges quasiment tous les soirs. C’était rudimentaire, souvent 4 murs avec des matelas au sol, sans eau ni électricité, mais nous étions contents de dormir à l’abri tous les soirs ! Mais, parfois, nous arrivions à installer la tente et nous retrouvions ainsi la joie des nuits sous la Lune.
En tant que corridor commercial entre le Maghreb et l’Afrique subsaharienne, l’enjeux des transports est donc crucial en Mauritanie. On s’interroge alors sur les moyens de transports à disposition d’un pays aussi vaste et les initiatives mis à l’œuvre par le secteur. L’état des routes en Mauritanie n’est pas très bon, elles sont étroites, avec des immenses ornières et les automobilistes roulent comme des fous, donc la vigilance est de mise sur les routes mauritaniennes. Nous tenterons aussi notre chance dans le train du désert. Le train le plus long, le plus lent et le plus lourd du monde. Nous avons même eu la chance de dormir dedans, quelle expérience.

Sénégal
Après le désert, nous voilà au Sénégal et là tout change ! Tout est plus vivant, il y a beaucoup plus de monde, les routes sont en très bon état, les Sénégalais parlent très souvent français et sont très accueillants. Après plusieurs mois dans le Sahara nous sommes ravis de découvrir une nouvelle culture et surtout une nouvelle gastronomie ! Le seul bémol, ce sont les déchets que l’on croise régulièrement. On décide donc de rencontrer des porteurs d’initiatives en faveur du recyclage.
Nous n’avons que 260km à parcourir avant d’atteindre Dakar, la ligne d’arrivée est proche et nous avons hâte d’arriver. Nous empruntons les routes côtières qui sont très agréables, il fait moins chaud, nous profitons de la mer et de pauses au soleil. Finalement, après 7 mois de voyage et 7000km, nous atteignons enfin Dakar ! Après toutes ces journées sur la route nous avons du mal à y croire, nous avons du mal à nous dire que nous l’avons fait, que nous avons réalisé notre rêve, faire Paris-Dakar à vélo !

L'aventure en chiffres
• 7 mois de voyage
• 6200 km parcourus
• 0 crevaisons
• 7 pays traversés
• 30 680m de dénivelé positif cumulé

Notre équipement

VELO ELLIPSE BIKES
Vélos designs et très robustes, ils se sont révélés parfait pour ce voyage dans des conditions difficiles, face au assauts du vent et du sable.

SACOCHES THULE
Contrairement aux sacoches Basile que l’on peut voir éventrées sur cette photo, nos sacoches Thule ont elles parfaitement traversé cette aventure.

TENTE BIG AGNES BLACKTAIL HOTEL 3
Un habitacle 3 places pour y dormir confortablement avec nos 8 sacoches et un abside suffisamment grand pour y accueillir nos deux vélos la nuit, le tout pour un poids relativement contenu pour un tente de cette taille.

VESTE RAB ET PATAGONIA
Des vestes imperméables et respirantes, pratiques pour les journées chaudes et humides.

























