L’Europe en sac à dos
Après mon retour de la traversée des Vosges, l’appel de l’aventure se faisait trop grand. Ces trois semaines de randonnée sur le GR5 m’avaient donné le goût des grands voyages. C’est avec Schemel Walcott que, quelques jours après mon retour, devant une carte, nous déciderons de partir. Cap vers l’Europe ! Au début du mois d’août 2018, nous rejoignons Gênes en Italie où commencera notre voyage au cœur de l’Italie, puis la Slovénie, la Croatie, la Hongrie et enfin la République tchèque. Ce voyage était une véritable escapade au cœur de nos rêves d’enfants.
Nos débuts de vagabonds
À mon retour de la Traversée des Vosges, l’appel de l’aventure était trop grand. Ces trois semaines de randonnée sur le GR5 m’avaient donné le goût des grands voyages. C’est avec Schemel Walcott que quelques jours après mon retour, devant une carte, nous décidions de partir. Cap vers l’Europe ! Au début du mois d’août 2018, nous avons rejoint Gênes en Italie, où commençait notre voyage au cœur de l’Italie, puis la Slovénie, la Croatie, la Hongrie et la République tchèque. C’était une balade d’été au cœur de nos rêves d’enfants, ceux que depuis toujours nous rêvions d’accomplir sans jamais y parvenir. Depuis toujours, Schemel et moi sommes deux potes qui rêvons de voyage, d’aventure, et surtout d’ailleurs. J’ai toujours été fasciné par la vie de bohème et les vagabonds, mais pas n’importe lesquels : les vagabonds de grand chemin qui écument la poussière avec élégance et style, à la manière d’un Arthur Rimbaud. Depuis tout petit, je rêve de cette vie de poète voyageur. Schemel quant à lui est moins fasciné par la vie de bohème mais il n’en reste pas moins tout autant attiré par le voyage. Alors le temps d’un été, on s’est accordé une balade en Europe à la rencontre nos rêves d’enfance. C’est ainsi qu’on s’est retrouvé dans ce bus direction Gênes.
« La vie ne devrait être que cela, l’hommage rendu par l’adulte à ses rêves d’enfant. » dit brillamment Sylvain Tesson — c’est ce que nous avons tenté de faire.
On s’est lancé le défi de passer les premiers jours de cette aventure sans argent. Nous sommes arrivés à Gênes, dans cette ville sans grand charme, offrant un parfait décor à nos premières péripéties de vagabonds, à la recherche d’un repas et d’une voiture pour nous prendre en stop. Lorsqu’il s’agit de voyage sans argent, l’hésitation peut rapidement devenir le pire ennemi et le mieux est de se jeter à l’eau le plus rapidement possible. Une fois descendu du bus je suis rentré dans la première pizzeria de la rue où j’expliquai au gérant notre manière de voyager et lui demandai un petit coup de main. C’était inattendu mais nous avons obtenu notre premier repas gratuit ainsi ! Une pizza chacun nous était servi à l’une des tables du restaurant et pour la première fois de notre vie nous sortions sans payer ; les remerciements remplacèrent l’argent. Nous sortions ragaillardis d’un repas qui nous motivait à trouver une voiture. Nous ne savions pas réellement où aller si ce n’est au Sud, en direction des Cinq Terres.
À l’aide d’un morceau de carton sorti des poubelles en face de la pizzeria et d’un marqueur sorti de mon sac, nous fabriquions notre bannière pour la liberté ; y figurait dessus « Cinq Terres ». Et nous la brandissons, heureux et pleins d’espoir, au bord d’une route qui s’étendait vers le Sud, vers notre but. Après un peu plus d’une heure, deux filles s’arrêtèrent. L’une était française et l’autre Italienne, mais les deux s’appelaient Jessica. Depuis la voiture, celle originaire de Paris reconnut notre facies français et demanda à son amie au volant de s’arrêter pour s’en assurer. On éclata tous de rire, on ouvrit les portes, on s’installa, et on se mit en route aussi vite que l’on s’était rencontré. Le voyage commençait sur la banquette de cette voiture, bercé par la musique que crachaient les haut-parleurs et une discussion qui titubait entre le français, l’anglais et l’italien. Cette journée était un véritable dépucelage pour les deux aventuriers novices qui occupaient la banquette arrière de la petite voiture.
Les filles nous proposèrent de nous emmener à Sestri Levante, à mi-chemin entre Gênes et les Cinq Terres. Elles se rendaient dans un hôtel quatre étoiles ou elles nous ont finalement invités à passer l’après-midi. Elles n’avaient pas de chambres dans l’hôtel, mais sont rentrées si naturellement, traversant le hall avec tant d’aplomb, que notre présence passa inaperçue. Ainsi, nous avons joué dans la piscine sur le toit de l’hôtel une bonne partie de la journée.
S’ensuivit une balade dans la ville qui se terminera sur la plage de la petite ville. Les filles nous offrirent à chacun une pizza et une glace après avoir pris connaissance de notre défi ; c’était presque trop. Nous avions tout et même plus que le nécessaire, et de tout cela nous ne nous contentions de rien puisqu’il nous fallait aussi la fille, la Française. Des amis à elles se joignirent à notre fête sur la petite plage. Nous discutions énormément avec la parisienne, qui comme nous vivait cette découverte culturelle en Italie avec joie. Le moment était bouleversant car nous avions tout et nous apprêtions à avoir encore plus, Jessica était sur le point de devenir notre partenaire d’aventure !
Ce soir-là, l’une des deux filles rentra à Gênes tandis que l’autre resta avec nous. Je ne sais pas si c’est notre nationalité ou notre âge qui nous rapprochait ainsi, mais quelque chose a fait que nous avions envie de rester ensemble, car, après tout, nous avions le même objectif : traverser le pays sans jamais se retourner. Jessica n’avait rien d’autre que son sac à main et elle ne nous connaissait que depuis quelques heures, pourtant elle passa la nuit avec nous, à trois dans ma tente Arpenaz deux places, et elle décida de nous suivre pendant une semaine.
Le lendemain matin nous étions désormais trois vagabonds en cavale. Jessica souhaitait voyager de la même manière que nous, et cela jusqu’à Venise. Ce matin-là, nous avons obtenu à manger dans plusieurs boulangeries de la ville, le festin se déroula sur la plage. Puis nous avons cherché une voiture, en vain, après qu’une policière nous explique que les Cinq Terres sont cinq villages accessibles uniquement par voie ferroviaire, ce qui nous a motivés à prendre un train « gratuit ». En réalité il était payant pour tout le monde sauf nous, les trois fraudeurs, les vagabonds assis par terre au fond du wagon et que personne ne remarquait. Nous sommes arrivés aux Cinq Terres à midi, les ventres gargouillant. Pour Jessica tout était d’une facilité déconcertante. En moins de cinq minutes, elle obtenait trois assiettes de spaghetti bolognaises servis à la table d’un restaurant. Le gérant nous a même laissé du pain et des croissants pour la route. En sortant du restaurant, on eut même le droit à des glaces dans l’échoppe lui faisant face. Puis, au bout de la rue, Schemel et Jessica allèrent demander de la charcuterie à mettre dans le pain que nous avait laissé le restaurant, pour anticiper notre repas du soir. Et c’était encore une fois « oui ! ». C’était presque toujours oui. Tout semblait si facile ! Nous mangions des repas gratuits dans des restaurants, sur des plages, dans la tente. Nous dormions où nous voulions. Ce soir-là notre tente a terminé dans un parc pour enfant de l’un des cinq villages. Décidément, nous la vivions notre bohème !
L’un des sentiers qui reliaient deux des villages côtiers était payant et nous obligeait à trouver un autre chemin libre d’accès. Nous avons suivi d’autres sentiers un peu égarés, et c’est en se perdant sur ces chemins que l’on a rencontré Anne Sophie, une Finlandaise faisant elle aussi un tour d’Europe et dont l’itinéraire était pratiquement similaire au nôtre. Nous avons marché tout l’après-midi ensemble sur ce chemin qui nous offrait de superbes vues sur la côte et les villages en contre bas.
Après cette escale, nous avons repris la route toujours en direction du Sud. Le train « gratuit » nous a déposés à La Spezia. Le trajet ne fut pas de tout repos car un contrôleur décidé à nous faire payer une amende ne nous lâchait plus. Il nous fallut sortir la carte bancaire de Schemel, sachant qu’elle ne fonctionnait pas, pour venir à bout de ses ardeurs. Après plusieurs tentatives infructueuses, il nous laissa filer. À La Spezia on eut plus de mal à trouver à manger mais nous obtînmes tout de même un morceau de pain à se partager à trois. Le gars qui nous l’a donné l’a plus fait pour qu’on s’en aille que par bonté de cœur, mais peu importe. Jessica s’est décidée à voler des fruits dans un magasin et cette ville nous l’a bien fait payer puisqu’on a ensuite passé des heures à attendre une voiture qui n’est jamais venue… Comme on savait que pour se rendre à Florence le train serait un nid de contrôleurs, nous avons acheté notre ticket, voyageant pour la première fois de manière de manière réglo.
L’arrivée dans le grand monde
Arrivés, nous étions époustouflés ! Nous étions arrivés dans le grand monde. Cela n’avait plus rien à voir avec les petites villes de la côte. La ville était splendide et abritait tout : la foule, le bruit, la modernité, et nous. Cependant, notre idylle à moindres frais a rapidement pris fin car les gens étaient moins attendris par nos discours de jeunes baroudeurs amoureux de la route. On a rapidement compris que dans cette ville les gens n’étaient pas là pour rêver. Ils pensaient rentabilité, profit, gain, et aider les autres n’est pas réputé pour être la meilleure affaire qui soit. Après une dizaine de boulangeries, restaurants, et petites échoppes, on s’est vite rendu compte que trouver des mains tendues à Florence était de l’ordre de l’impossible. Notre voyage sans argent a donc pris fin sur la terrasse d’une pizzeria, lorsque nous avons sorti les portefeuilles pour régler le repas et la bière. « Ce soir nous avons gagné l’épreuve de confort » a dit Schemel avec humour et esprit, en référence à la semaine passée qui fut une version urbaine de Kolantha. Cette semaine sans argent, sans rien d’autre que notre amitié et notre bonne volonté, restera de loin la plus belle partie de ce voyage.
Nous avons repris un mode de vie classique et dépensier, mais les nuits continuaient de se passer à trois corps partiellement dénudés et transpirant dans la petite serre deux places. On s’est installé pendant trois jours dans un petit parc le long des rives de la merveilleuse cité. Nous dormions confortablement sous la Lune, mais pas assez longtemps, car nous étions obligés de défaire le camp dès les premières lueurs du jour, de peur de nous faire repérer. Ces quelques jours à Florence furent d’une rare beauté. Nous trimbalions le sac de randonnée partout dans la ville ce qui, au milieu de tant de beauté, nous donnait l’allure de chiens errants. Entre les cafés, les parcs, et les promenades, nous continuions d’apprendre à connaitre Jessica.
Un soir, alors que nous passions la soirée sur l’une des rives au bord de l’eau, Jessica a décidé de nous suivre un peu plus loin en Europe. Ce soir-là, nous avons convenu de nous retrouver en Hongrie quelques jours plus tard. Un bus pour retour pour Gênes l’attendait à Venise, car elle devait retourner là-bas prendre un avion en direction Paris, après quoi nous continuerions en Slovénie et Croatie jusqu’à ce qu’elle reprenne la route avec nous depuis Budapest.
Nous avons quitté Florence car la route nous rappelait. À Venise nous sommes restés moins de 24h, car nous ne voulions pas nous attarder trop longtemps, Jessica avait un bus à prendre et Schemel et moi avions hâte de découvrir la Slovénie.
Une pause au paradis
Après les grandes villes, nous rêvions de nature et de grands espaces. Se cacher dans les parcs des grandes villes est un exercice épuisant. Il faut poser le camp tard quand la ville devient silencieuse et que les regards sont moins nombreux et s’en aller tôt pour les mêmes raisons. Cela nous laissait de courtes nuits et nous faisait envier les grasses matinées qu’il est permis de faire dans des endroits plus tranquilles. Pour cette raison, à Lubjana nous n’avons pas cherché de parc dans la ville et avons préféré marcher deux heures supplémentaires pour rejoindre Krajinski Park, un grand espace naturel. Ces deux jours à Lubjana furent des plus agréables. C’est une ville dans laquelle je souhaite retourner y passer plus de temps. Une belle coïncidence a fait que nous y étions au même moment qu’Anne Sophie (la voyageuse Finlandaise rencontrée quelques jours plus tôt), avec qui nous avons donc diné. Si la capitale slovène est l’une des villes les plus agréables dans laquelle il m’est était permis d’aller, ce n’est toutefois pas là que nous avons trouvé le bol d’air que nous recherchions, mais à Bled. Nous étions obligés d’y aller car voir le lac de Bled était l’un des rêves de Schemel. Nous avons fait le tour du lac en quête d’un endroit discret ou mettre la tente et notre patience fut rapidement récompensée. Le chemin qui sillonne le tour du lac passe à côté d’une petite zone boisée, et dans ce sous-bois qui longe le lac sur quelques mètres nous avons trouvé un endroit où installer la tente au bord de l’eau, à l’abri des regards. Le lieu était exceptionnel et digne d’un conte ! Cet endroit est devenu notre camp pendant trois jours. Schemel y a construisit un banc de fortune en rondin de bois qui faisait face au lac, pour des repas spectaculaires. Pendant ce temps j’installais de la corde entre les arbres pour y étendre le linge que nous lavâmes dans le lac. Nous avions un arbre tombé sur le lac qui, dans cette seconde vie, servait de banc perché sur l’eau. J’y passais volontiers des après-midis entiers assis les pieds dans l’eau à écouter Schemel me parler d’histoire et de grandes aventures. Il étudie l’histoire à la Sorbonne et j’aime qu’en voyage il me raconte des anecdotes et faits historiques à propos des lieux que nous traversons.
Le début de l’enfer
Les grandes villes nous avaient fait arrêter notre défi sans argent, mais nous avions tout de même continué de passer les nuits dans la tente. C’était le peu de bohèmes qu’il nous restait de cette première semaine de vagabondage sans argent. L’Europe de l’Est nous obligeait cette fois à abandonner la tente aussi – notre rêve était défait.
L’arrivée à Zagreb, après cette parenthèse à Bled, fut un peu perturbante. Nous retrouvions le bruit et l’agitation de la ville et devions à nouveau nous cacher pour planter les sardines. Nous avons passé la première nuit cachée dans des buissons au bord d’une route où des passants, ayant remarqué notre installation dans les fougères, nous lançaient des regards noirs. Nous étions des clodos à leurs yeux, rien que de la vermine bonne à être fumigé… Je réalisai alors à quel point, une fois plongées dans la nuit, les villes deviennent des lieux inhospitaliers pour les SDF. Le bruit, les regards … tout vous empêche de vous sentir à l’abri. N’empêche qu’à côté de moi s’étalait confortablement Schemel, dormant et ronflant alors à plein poumon, sans encombre. Le lendemain arrivait Margot, une amie de région parisienne qui était là pour terminer l’aventure avec nous. Pour cette deuxième nuit à Zagreb nous décidâmes unanimement d’éloigner notre campement de la ville, comme nous l’avions fait dans la capitale slovène. Nous passions finalement la nuit au bord d’un lac, en toute tranquillité. Avec empressement nous avons quitté la ville le lendemain pour rejoindre Budapest où nous attendait Jessica. Zagreb ne nous a pas laissé un très beau souvenir, mais une fois parti de cette ville les ennuis ne nous quittèrent pas pour autant.
En début de soirée, nous arrivions à Budapest où nous retrouvâmes Jessica que nous présentions à Margot, et nous nous comptions nos aventures des jours précédents autour d’un repas. Nous avons passé le reste de la nuit à ratisser la ville en quête d’un endroit où dormir. Budapest est une allégorie de l’urbanisation où il est impossible de passer la nuit paisiblement sans aller à l’hôtel. De plus, Margot nous avait rejoints avec une deuxième tente puisque nous étions désormais quatre, ce qui compliquait la tâche. Les deux tentes finirent cachées dans des herbages, entre un entrepôt et la maison qui lui faisait face. C’était très étrange, la nuit était particulière et surtout courte. À cause de la chaleur, je n’avais pas mis la toile de tente et nous dormions simplement entre les morceaux transparents de la moustiquaire. Nous fûmes réveillés par le propriétaire de la maison d’à côté qui, au petit matin, nous observait terminer notre nuit. J’émergeai sous le regard amusé du vieil homme qui fumait sa cigarette en me dévisageant. Lorsque que l’on crut comprendre que le vieil homme s’apprêtait à appeler la police, à moitié habillé on remballait les affaires le plus rapidement possible, et l’on courut comme si notre vie en dépendait. Après cette nuit nous parlions de trouver un camping et le choix fut rapidement fait quand on s’aperçut que la somme de nos quatre parts pour un camping équivalait au cout total d’un logement traditionnel. La vie de vagabonds était désormais derrière nous. C’est dans un mélange de tristesse et de soulagement que nous quittions cette manière si particulière de voyager. Ce voyage fut un progressif retour à la civilisation.
Aujourd’hui, je me rends compte que l’incertitude de ne pas savoir où passer la nuit ni quoi manger fut les plus belles heures de l’aventure. Nous retrouvions le confort d’un logement et surtout d’une douche, mais les choses ne se simplifièrent pas pour autant. Après quelques jours dans la ville, un conflit éclata entre Jessica et mes deux amis de plus longue date Margot et Schemel. La veille de notre départ pour Prague, alors que nous étions supposés prendre le bus ensemble le lendemain, Jessica prit son sac dans la nuit et quitta le logement pendant que nous dormions. Le lendemain matin était silencieux et endeuillé, aucun de nous ne parla de tout le trajet jusqu’à la gare routière. Son départ marquait la fin de l’idylle vécue avec elle en Italie, ce qui me rendait triste … Nous nous sommes rendus à Prague où le voyage se termina bien. Nous avons retrouvé de vieux amis tchèques que nous avions rencontrés quelques années auparavant lors d’un échange scolaire entre nos deux lycées. Schemel et moi retrouvions aussi chacun une fille que nous avions, d’une certaine manière, aimée. Le temps d’une promenade tous les quatre, lui à côté de sa vieille amie et moi à côté d’elle, nous retombions tous amoureux – c’était un moment splendide qui conclut ce voyage en beauté. Cette aventure m’aura fait voir beaucoup de choses, pensais-je alors, en prenant mon bus retour pour Paris. De l’inconfort de demander à manger et des nuits dans des parcs, au confort d’un logement spacieux, des belles rencontres aux douloureuses séparations ; ce mois en Europe fut un avant-gout des multiples facettes et de la complexité du voyage, et plus globalement de la vie.